Une tourbière est un sol qui s'est créé en conditions spécifiques pour au final donner ce fabuleux substrat qu'est la tourbe, tant utilisée pour le jardinage.
Qu'est-ce qu'une tourbière ?
Une tourbière est un écosystème de plusieurs mètres d'épaisseur, détrempé ou saturé par l'eau, qui, après décomposition très lente et très incomplète, donne la tourbe. Cet écosystème formé par l'accumulation de débris végétaux se décompose à l'abri de l'air grâce à des bactéries anaérobies. Le résultat découle d'un processus long de milliers d'années et fournit cette matière organique fossile tant appréciée des jardiniers : la tourbe.
Composition de la tourbière
Des micro-organismes tels que bactéries et champignons se chargent de la décomposition et du recyclage de la matière organique issue des végétaux, majoritairement des sphaignes. En fonction des végétaux qui la composent, la tourbière donne deux sortes de tourbes bien connues des utilisateurs : La tourbe blonde, issue de tourbières dites acides et la tourbe brune, dont l'origine est plus alcaline.
Bon à savoir : les tourbières contiennent une quantité moyenne de 20 % de carbone, ce qui est énorme pour un sol.
Il existe de nombreux types de tourbières, dont deux principaux se dégagent très largement des autres, qui ne sont que des représentants mineurs de ces sols : la tourbière acide et la tourbière alcaline.
La tourbière acide
Son potentiel hydrogène (pH) est inférieur à 4,5, elle est donc de type acide. Elle donne naissance à la tourbe blonde, qui est issue de la dégradation de végétaux tels que les sphaignes. Cette tourbe blonde est constituée de fibres assez grossières, poreuses, à très faible densité et de pH naturellement acide.
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La tourbière alcaline
Son potentiel hydrogène est supérieur à 6 et plus, donc neutre à calcaire en fonction de l'évolution de ce pH. Elle donne une tourbe brune ou noire. Celle-ci est différente de la tourbe blonde car issue d'une dégradation plus avancée de plantes aquatiques telles que les joncs, molinies et autres plantes herbacées. La structure de la tourbe brune est plus compacte, moins fibreuse, sa couleur est plus foncée.
Comment se forme la tourbière ?
Un grand nombre d'écosystèmes sont susceptibles de former des tourbières. Parmi eux les marais, lacs, landes saturées d'eau, prairies noyées. Pour qu'une tourbière se forme, il faut que l'épaisseur de la couche déposée atteigne au moins 40 cm. La couche maximale découverte à ce jour est de 20 mètres. Ce sont des milieux très fragiles, longs à se former, qui demandent l'union de deux facteurs indissociables : humidité et température. Mais surtout 10 000 ans d'âge.
L'humidité
Sans eau, pas de tourbière, elle doit être présente en abondance, voire en excès, être stagnante et pauvre en minéraux. La formation des tourbières a donc lieu en régions à forte et régulière pluviométrie, mais aussi dont le relief permet la rétention de cette eau.
La température
Elle doit être basse toute l'année, même en été. La présence constante de l'eau est un élément naturellement régulateur, qui permet la formation d'un microclimat froid, favorisant la réduction des écarts de température.
Lorsque les végétaux se trouvent en présence de ces deux facteurs de façon continue, commence la très lente formation d'une matière organique obtenue sans décomposition, puisque le milieu est exempt d'oxygène. Le rythme moyen annuel de l'accroissement de la couche est compris entre 0,5 et 1 mm.
La tourbière : un espace naturel à pouvoir éducatif
Les tourbières sont principalement situées dans les régions montagneuses, les vallées de la moitié nord du pays, les hauts marais des Vosges, du Jura et du Massif central, le bassin des grands fleuves, sans oublier toute la région des Pyrénées.
Autrefois considérées comme des marais putrescents, elles jouent un rôle environnemental majeur par leur aspect unique. Ce sont de véritables réservoirs de vie, mais aussi de formidables infrastructures, cruciales pour le cycle de l'eau.
À noter : les tourbières abritent des espèces que l'on ne rencontre dans aucun autre biotope, et bon nombre de ces espèces, animales ou végétales, sont en voie de disparition.
En plus de leur valeur biologique et écologique, les tourbières ont également un intérêt scientifique, pour la continuelle source de découvertes qu'elles représentent, et économique, car la tourbe qui en est extraite a une forte valeur dans le monde agricole.
Un autre point d'intérêt moins connu de la tourbière est éducatif, son caractère sauvage, très ancien, éveillant la curiosité à tout âge.